samedi 25 juin 2011

J'ai 13 ans.......


Bonjour! Me revoilà.
Aujourd'hui, je fais un retour en arrière. J'ai 13 ans. Je suis au secondaire I. Mon corps change, j'ai un léger surplus de poids, je ne me trouve pas belle. Je parle légèrement à la française (résultat de cours de théâtre et de diction), le fer plat n'existe pas (j'ai donc une boule sur la tête)... ça va mal :)
J'aimerais tant avoir les moyens de m'acheter des vêtements de marque. Parce que dans ma tête j'associe vêtements de marque à belles personnes, à popularité. Pour moi c'est clair, si je pouvais perdre du poids et avoir de beaux vêtements, je serais heureuse et bien dans ma peau. Dans ma tête de fille de 13 ans, l'équation est simple.
Malheureusement, je ne pouvais pas avoir les vêtements que j'aurais voulu. Non. Je vivais toute seule avec ma mère qui travaillait très fort pour m'offrir déjà beaucoup. Des cours de théâtre, des cours de danse à claquette, des cours privés de mathématique, un repas au resto le jeudi soir, beaucoup de temps, etc, etc. Mais à 13 ans, on ne voit pas les choses de cette façon. On veut se fondre au moule. On veut être identique à nos amis. Faire le moins de vagues possible. On ne voit pas que derrière ces vêtements de marque se cache des êtres humains qui souhaitent eux aussi être différents. On les envie sans savoir ce qui se cache dernière ces étiquettes. À 13 ans, on veut toujours autre chose que ce que l'on a. Je n'étais pas reconnaissance de tout ce que j'avais.
Et oui, petite je souffrais d’une maladie grave que je croyais incurable: l’envie. Ce virus si puissant a achevé tous les bonheurs qui se sont présentés à moi. Plutôt que de savourer le moment présent, je bavais devant ceux des autres que je croyais plus grands et plus beaux. J’ai passé beaucoup trop de temps à me demander pourquoi je n’étais pas les autres. J’ai guéri de ce mal après plusieurs désillusions, après que les images que je m’étais créées de telle ou telle personne se soient fracassées dans une vérité si criante que je devais me rendre à l’évidence que même mes héros d’enfance étaient des êtres ordinaires. L’apprentissage de cette vérité a été bénéfique puisqu’elle m’a permis d’accepter l’ordinaire en moi et ainsi être en mesure d’apprécier les autres sans cette envie maladive qui tue trop souvent les relations humaines.
On passe beaucoup trop de temps à se regarder, à se comparer, à tricher et pas assez à parler de notre vérité.
Je n’ai pas toujours compris ce que l’amour de soi signifiait. J’ai longtemps cru qu’à force d’aimer notre propre reflet on finissait inévitablement par s’y noyer. Je sais maintenant qu’aimer l’autre n’est possible que si l’on s’aime dans toute la splendeur de nos qualités et de nos défauts, que seulement si l’on prend conscience des envies qui nous tenaillent. L’amour de l’autre ne résiderait-il pas dans ce dernier commandement?
Aujourd'hui, à 28 ans, je commence à m'aimer comme je suis. Je commence à me trouver belle. L'envie d'être quelqu'un d'autre est beaucoup moins présente. Parce que je sais maintenant que l'image n'est pas toujours la vérité. Mon défi m'aide à davantage m'apprécier comme je suis. Les cheveux en broussaille, peu maquillée, lunatique, comique, sensible, colorée, etc, etc. À 13 ans, on ne voit pas et surtout on n'aime pas ce qui fait notre différence.
 Et vous, à 13 ans, quelle était votre perception de vous-même?